En 2021, malgré la remontée des allocations et primes éleveurs au niveau 2019, ce sera 150,5 Millions € qui auront été perdus par la profession du Trot au 31/12/2021.
En mai 2020, suite de l’arrêt des courses lors du 1er confinement COVID19, les directions des Sociétés Mères ont refusé de souscrire un PGE (Prêt Garanti par L’Etat). Cette décision aurait permis, d’une part de maintenir le niveau des allocations budgétées pour les courses courues en 2020 et d’autre part, d’indemniser les Socio-Professionnels des pertes subies lors de l’arrêt des courses.
Pendant ce temps, les personnels du PMU et des Sociétés Mères ont conservé leurs salaires ou ont reçu de l’état le soutien du chômage partiel à l’instar de tous les salariés français. Le versement de primes de fin d’année aux dirigeants du PMU illustre parfaitement la différence de traitement par rapport aux socio-professionnels.
Avez-vous déjà vu une industrie qui sacrifiait son outil de production ? Non, pourtant la gouvernance de la Filière a fait ce choix.
JP Barjon indiquait qu’il avait été décidé de réduire de manière plus importantes les allocations des courses de Groupes A, B et C, D, E afin de préserver celles les moins dotées F, G, H, ceci pour protéger les plus petites écuries.
Or, l’analyse détaillée de la répartition des allocations versées en 2020, classées par entraîneurs en partant du plus gros chiffre d’affaires jusqu’au plus petit, fait apparaitre que les grosses structures ont beaucoup moins souffert. Où a été la solidarité des grands vis-à-vis des plus petits ?
On constate que sur une baisse moyenne de -28,9%, le TOP 10 des entraîneurs n’a connu qu’une baisse moyenne de -12,9% alors que les 600 derniers ont perdu -67,0% par rapport à 2017. Autre réalité à retenir : seulement 12% des entraîneurs ont limité leurs pertes en dessous de la moyenne à -28,9% et 88% des entraîneurs ont perdu plus.
Plusieurs indicateurs montrent que cette tendance va perdurer. Si on regarde la distribution des allocations des courses F, G, H, dans les 100 premières places on trouve 71 du TOP 100 national. Ces courses ne sont donc plus réservées aux petites écuries.
Pourquoi ce refus de contracter un PGE ? Parce que les Sociétés Mèresont invoqué le motif fallacieux ne pas pouvoir rembourser le prêt. Et l’Etat qui assure la tutelle de la filière a commis une faute lourde en ne s’y opposant pas alors qu’il incitait toutes les entreprises et associations à y avoir recours.
Pourquoi cet argument ne tient-il pas ? Selon le PMU, les perspectives d’après crises sont excellentes grâce aux enjeux online notamment et les gouvernances des Sociétés Mères indiquent avoir réalisé de fortes économiques structurelles. Si ces éléments sont exacts, le remboursement du prêt ne devrait pas poser de problème.
Donc, il existe une autre raison ? Beaucoup de Socio-Professionnels pensent que la gouvernance a saisi l’opportunité du COVID19, pour faire « un grand ménage » dans notre Filière : la disparition des plus petits serait profitable à ceux qui restent.
Je suis de ceux qui, avecEquistratis, pense que « ce grand ménage » est non seulement contraire à la loi de 1891 instituant les courses de chevaux, mais aussi un pari très risqué car les conséquences seront dévastatrices pour toute la filière. Seule une souscription à un PGE, encore possible jusqu’à fin 2021, permettrait de soutenir les Socio-Professionnels en grande difficulté et d’éviter la mise en péril de l’écosystème des courses.
Alain Bigot, co-propriétaire de trotteurs, membre du conseil d'administration Equistratis
