La croissance du PMU n’a d’intérêt que si elle est accompagnée d’une réelle rentabilité
Au cours des dernières années, le PMU n’a cessé de rechercher des relais de croissance extérieurs aux paris hippiques traditionnels, afin d’assurer le financement des Sociétés Mères et donc le versement des encouragements et des allocations pour les socio-professionnels.
C’est dans cet esprit que les activités à l’export via les grands parieurs internationaux, puis les paris sportifs et le poker ont été développées, malheureusement sans jamais respecter des objectifs de rentabilité.
Ces activités dites « relais de croissance » représentent aujourd’hui près de 20% du CA du PMU pour un résultat d’exploitation de 3%... soit une rentabilité plus de trois fois inférieure à celle « des paris en dur ».
Le chiffre d’affaires ne fait pas le résultat et encore moins le retour Filière.
Plus spécifiquement, concernant les paris sportifs et le poker, nous assistons au paradoxe suivant : plus le chiffre d’affaires se développe, plus la perte liée à ces activités se creuse (118 millions d’euros depuis 2010).
En cause des coûts d’exploitation très lourds, notamment en matière de sponsoring et une fiscalité qui s’accroit mécaniquement avec le chiffre d’affaires. Sans oublier le marché concurrentiel qui tire les marges vers le bas, avec une FDJ qui a la capacité de se refinancer sur ses activités très rentables, le tirage et le grattage.
Résultat : si le CA du PMU, à savoir les prises de paris, a globalement résisté, le retour Filière net de tous les coûts d’exploitation du PMU a diminué de 73 millions d’euros, entre 2011 et le prévisionnel ambitieux de 2018 (803 millions d’euros).
Faut-il rappeler le temps où le comité stratégique composé, entre-autres, par les membres de la Filière, prévoyait 1 milliard € de retour net filière, et 15% de taux de pénétration de la population ? Il manquera donc plus de 200 millions d’euros entre le projet PMU 2020 et la réalité du moment, sans compter un taux de pénétration de moins de 8% du secteur hippique…
Après huit années d’investissements à perte dans les paris sportifs et poker, il est possible d’affirmer que le PMU a confondu diversification avec dispersion.
Cette diversification financée sur les recettes de l’hippisme n’a non seulement pas apporté les relais de croissance espérés, mais a privé la Filière d’investissements, tout « éduquant » une clientèle à la fameuse côté fixe et non au pari mutuel.
Mais il n’y a pas que des perdants. L’Etat est le grand gagnant de cette politique qui lui permet de toucher près de 40 millions d’euros annuels sur ces activités paris sportif et poker pourtant déficitaires pour la Filière.
L’analyse de la rentabilité des activités développées par le PMU démontre qu’il est urgent de se recentrer sur les paris hippiques. Resserrer la gamme de paris offert dans la perspective de clarifier l’offre et d’en améliorer l’attractivité fait partie des premières réformes à mettre en œuvre pour fidéliser les turfistes historiques et séduire une clientèle nouvelle.
De nombreux socio-professionnels sont aujourd’hui en difficulté.
Sur cette même période, il n’est pas vain de rappeler que les charges et frais des socio-professionnels ont littéralement explosé, par la substitution notamment des courses PMH en PMU, avec tous les coûts périphériques et efforts organisationnels, de gestion sociale que cela induit.
Après un premier cycle porteur au début des années 2000, une nouvelle génération d’entraineurs est arrivée depuis dix ans dans la Filière. A l’évidence, l’équilibre des comptes n’est pas au rendez-vous pour nombre d’entre eux. Quand bien même les encouragements ont augmenté en dix ans de 16% au trot, les frais de fonctionnement ont doublé, voire triplé selon les postes.
Pour autant, cette réalité n’est pas visible puisque la Cour des Comptes n’a fait mention que de l’accroissement des encouragements dans son récent rapport, en passant sous silence les contraintes économiques et sportives des socio-professionnels.
Car, les encouragements ne sont pas du bénéfice pour les socio-professionnels qui contribuent à l’enrichissement de nos races et à l’excellence de nos courses.
C’est pourquoi Equistratis travaille à la construction d’un indicateur reliant l’évolution des encouragements (-1.8% pour le trot en 2018, -10% pour France Galop en 2017) et les coûts structurels évoqués ci-dessus dans la perspective de re-légitimer nos encouragements.
Apprenons des échecs du passé et travaillons tous ensemble au développement d’activités « cross sell » avec l’hippisme qui prendrait appui notamment sur les hippodromes et l’expérience des Présidents des Sociétés de courses de province.
Pierre Belloche, propriétaire entraineur et Jocelyn Robert, propriétaire éleveur, membres d’Equistratis
