Ce blog est une plateforme d’expression et de réflexions sur l’actualité de la filière équine. Equistratis étant un think tank ouvert et pluriel, nous donnerons la parole à des acteurs socioprofessionnels de la filière sans parti pris. Il est essentiel que les interrogations, les désaccords mais aussi les idées puissent s’exprimer.

LE TROT : UNE GOUVERNANCE HORS DE CONTRÔLE


Un budget 2023 en trompe l’œil, la mise en place d’un règlement arbitraire et l’affaire Zeturf


Communiqué - Le 9 décembre 2022
 : Le budget du Trot pour 2023 laisse espérer une augmentation de 3 % des encouragements. Or les hypothèses sur lesquelles il est construit ne peuvent permettre de croire à une telle évolution :

Les enjeux off line restent au plus bas historique ce qui démontre bien que, malgré la volonté de positiver de la part du PMU et des Sociétés Mères, la situation est loin d’être favorable : baisse du nombre de partants, désaffection continue des turfistes, effets délétères d’affaires mal cernées… . Or, ils représentent 80% du produit brut des jeux.

Les activités on line après avoir cru pendant le Covid, se tassent. Les coûts de fonctionnement du PMU et de la SECF réaugmentent significativement. Les paris sportifs et le poker qui ont toujours perdu de l’argent aggravent leur situation.

Seules les activités export augmentent continuellement les GPI atteignant 850 M€ soit 12% des activités off line. Et malgré le fait qu’elles ne génèrent quasiment aucune marge, ce qui a été largement prouvé, notamment par la Cour des Comptes et l’ANT, elles contribueraient de manière significative au retour Filière. Cette hypothèse nous parait pour le moins audacieuse et nous demandons qu’un audit des activités export soit réalisé par une expertise indépendante.

A cela s’ajoute une contribution de 4M€ (8 pour l’ensemble de la Filière) de la part du PMU dont on ne connait ni la nature, ni l’origine. Cela ressortirait selon le président du Trot d’une démarche volontariste. En fait cela sert à masquer une perte potentielle et le retour de la capacité d’autofinancement à 0. Et le contexte économique général ne laisse pas augurer des conditions favorables pour 2023, ce qui n’est absolument pas pris en compte dans le budget !

Enfin, il ne faut pas oublier qu’en quatre ans l’ensemble des Socio-Professionnels (Trot et Galop) ont perdu 365 M€ de revenus, soit 17% des encouragements. Leur niveau prévisionnel pour 2023, suite aux baisses d’encouragements décidées par l’ancienne mandature et aux pertes non compensées par un PGE, sera encore inférieur à ce qu’il était en 2017.

Quelle corporation accepterait d’être traitée de la sorte et d’entendre sans colère les discours conquérants et lénifiants de Jean-Pierre Barjon ou de Patrick David ?

Ainsi, au-delà des apparences, les motifs d’inquiétude liés à une absence de restructuration de la Filière sont bien présents et risquent de miner une Filière dont la seule chance est que la prochaine campagne électorale conduise à un changement de gouvernance qui prenne enfin les décisions de revitalisation qui s’imposent.

 

A cela s’ajoutent des dérives particulièrement inquiétantes :

Tout d’abord la réforme des statuts et du code électoral ainsi que le projet de règlement intérieur de la SECF qui, malgré les efforts que nous avons produits pour en atténuer l’arbitraire et qui ont porté, en partie, leurs fruits depuis plus d’un an, restent entachés de dispositions inacceptables : comité d’éthique, commission électorale, rémunération du président.

Nous y reviendrons pendant la campagne électorale et mettons en place dès à présent un comité de vigilance pour combattre toutes les dérives auxquels seront tentés de recourir ceux qui ont construit cet édifice fait pour éteindre toute contestation.

Malheureusement et pour des raisons d’arrangements préélectoraux, certains représentants de l’ancienne gouvernance ont fait cause commune avec la direction actuelle lors du comité spécial du 25 novembre.

Les uns comme les autres ne supportent pas que l’on vienne gêner un entre soi qui sert leurs intérêts divers et la volonté de protéger leur confort et leurs prébendes. La campagne électorale qui s’ouvre sera l’occasion de sensibiliser les électeurs et de conduire, nous l’espérons, à un résultat qui permettra de revenir sur les décisions les plus inacceptables en termes de respect des libertés publiques.


Et puis, il y a l’affaire ZEturf :
la FDJ qui est entrée en bourse a des objectifs de rentabilité à servir que n’a pas la Filière hippique qui est un service public destiné à : « …l’amélioration de l’espèce équine et de promotion de l’élevage… » selon l’article 2 de la Loi de 1891.

En rachetant Zeturf, elle prend 20% de parts de marché des paris hippiques on line complétant ainsi sa présence en ligne déjà forte dans le domaine des paris sportifs et du poker. 

Vu les moyens d’investissements associés à une stratégie d’entreprise dont ne dispose pas l’Institution hippique, il est très probable que la part de marché de l’ensemble FDJ/ZEturf va croître au détriment du PMU.

Dès lors n’y aurait-il pas un risque que la taxe affectée qui a été instaurée par la loi de 2010 pour compenser l’effet de l’ouverture à la concurrence des paris en ligne et que la Commission européenne a validé prudemment en août 2022 jusqu’au 31 mai 2026, ne soit remise en question au nom justement des principes de la concurrence… Rappelons que cette taxe représente à peu près la moitié de la contribution des paris on line au produit net des jeux de la Filière hippique.

Si c’était le cas, le risque qui est de 60 M€ aujourd’hui pourrait augmenter à mesure du transfert de paris on line vers la FDJ.

Par ailleurs, ZEturf est partenaire de la SECF depuis 2021 à la seule initiative de son Président Jean Pierre Barjon. Le contrat n’a jamais été rendu public ni transmis, malgré leur demande aux membres du Conseil d’administration et du Comité.

Bref le résultat est que ZEturf, concurrent direct du PMU est ainsi devenu partenaire exclusif de la SECF et sponsor unique de grand prix comme le prix d’Amérique. Ce partenariat déborde ainsi de la seule sphère des paris on line puisque cette exclusivité couvre aussi les paris off line à travers des courses ou un cross-selling d’image peut faire se déplacer des joueurs off line vers des enjeux on line proposés par ZEturf. C’est pourquoi nous avions demandé que ce partenariat portant sur l’exclusivité du nom et de l’image soit soumis au Comité dans un vote relevant de l’article 10 des statuts sur l’aliénation du patrimoine.

Il n’en a rien été et rien n’indique que ce partenariat renouvelé jusqu’à mi 2023 ne sera pas poursuivi sous le contrôle de la FDJ une fois le rachat de ZEturf consommé. Et d’ailleurs quelle est la valeur de ce partenariat dans l’évaluation des actifs de ZEturf ? Car il constitue bien un actif qui a très probablement une valeur estimée supérieure à sa valeur nominale qui semble bien faible au regard des avantages consentis (650 K€ versés à la SECF en 2022).

Equistratis et tous ceux qui en partageront l’analyse seront vigilants et susceptibles d’engager les actions nécessaires pour éviter que l’affaire ZEturf se fasse dans des conditions où les risques pour la Filière hippique n’auront été ni identifiés, ni traités. Et que toute transparence soit faite sur les relations avec la SECF.

Toute tentation d’occulter les choses entrerait sinon dans le registre des informations à fournir aux actionnaires de la FDJ dans le cadre des alertes qui leur sont indispensables pour orienter leurs choix et que devront prendre en compte les autorités de contrôle des marchés.

 

Ces trois sujets illustrent que la gouvernance du Trot est de plus en plus hors de contrôle. Il est regrettable que l’Etat n’exerce pas mieux son devoir de tutelle.

 

LE TROT : UNE GOUVERNANCE HORS DE CONTRÔLE

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