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Joueurs professionnels : la vérité enfin dévoilée ...

Voilà plus d’un an que l’Association Nationale des Turfistes (ANT) dénonce les avantages accordés par les opérateurs étrangers aux « Grands Parieurs Internationaux » (GPI) qui jouent en masse commune avec les parieurs de France.

Les opérateurs étrangers remboursent aux GPI une partie de leurs mises, si bien que ces derniers sont toujours gagnants. Du coup, comme ils sont toujours gagnants grâce à ces rétributions, ils jouent de plus en plus, gagnent de plus en plus, et la masse à redistribuer aux autres parieurs diminue en proportion.

L’ANT a chiffré à « au moins 2 % » la diminution de l’espérance de gain causée actuellement par ce système pour les 4,2 millions de joueurs de France. Elle a par ailleurs pointé du doigt d’autres désordres dont sont responsables les GPI, en particulier les baisses de cote qui surviennent après le départ.

Sous la pression de nos alertes répétées, et sous la pression des turfistes excédés par ces baisses de cote qui se multiplient après le départ, le PMU a dû opérer une mise au point devant les journalistes de Paris-Turf. Publiées le 3 février, ces révélations valident nos analyses et constituent une avancée significative dans la recherche de la transparence.

Oui, ce sont bien les GPI qui sont derrière les baisses de cote après le départ. Ils peuvent jouer des dizaines de milliers d’euros dans les secondes qui précèdent le départ, et leurs enjeux ne parviennent que plus tard, parce qu’ils sont transmis avec retard, causant déception, agacement et suspicion chez les parieurs.

Oui, il y a bien un impact sur l’espérance de gain de tous les autres joueurs, leur Taux de Retour Joueur (TRJ) a effectivement baissé de 2 %, notre calcul était exact. On doit donc considérer que derrière le chiffre officiel de 73,80 % de TRJ pour l’année 2017, le TRJ réel des 4,2 millions de parieurs de France n’a été au maximum que de 71,80 %.

La direction du PMU dit que cette baisse de 2 % du TRJ réel est « imperceptible » pour les parieurs. C’est faux.

Si l’on se réfère aux travaux de Jacques Carles pour Equistratis, il y a même de quoi s’inquiéter sérieusement, puisqu’il a conclu de son étude qu’une hausse d’un point du TRJ était susceptible de générer une hausse de 5 % des enjeux.

Comment croire, dès lors, qu’une baisse du TRJ de deux points va rester « imperceptible » ? En réalité, on peut vérifier que, depuis que le PMU a conclu ces accords avec les opérateurs étrangers dans le but d’accroître à tout prix son chiffre d’affaires, les paris hippiques, en France, n’ont cessé de diminuer, au fur et à mesure que les paris des GPI augmentaient.

Maintenant que le PMU a reconnu la responsabilité des GPI dans la diminution de l’espérance de gain des joueurs de France et dans les baisses de cote insensées après le départ des courses, l’ANT demande que le PMU redéfinisse les accords conclus avec les opérateurs étrangers.

Le PMU doit reprendre le contrôle de tous les enjeux qui sont transmis en masse commune, d’où qu’ils viennent. Il doit interdire aux opérateurs étrangers auxquels il s’associe de rétribuer les GPI comme ils le font actuellement, dans le mépris le plus total du principe du pari mutuel.

Du fait de cette concurrence déloyale cautionnée par le PMU, et qui ne profite, d’après le PMU lui-même, qu’à une quinzaine de gros joueurs de l’étranger, les 4,2 millions de joueurs de France gagnent moins, ils se découragent, ils jouent moins, et, si on laisse les GPI continuer d’étendre leur emprise, la désaffection des parieurs de France va s’accentuer, au risque de plonger toute la filière hippique dans une récession sans précédent.

Si le PMU veut retrouver la confiance des turfistes, il doit mettre fin à cette stratégie hasardeuse qui est source de bien plus de désordres que de bénéfice. Ce redéploiement de sa stratégie sera d’autant plus efficace qu’il sera couplé à d’autres remises en question tout aussi nécessaires parce qu’elles concernent, elles aussi, des choix qui ont été faits à l’encontre des intérêts des turfistes.

Le PMU doit d’abord reconsidérer son offre de jeu, parce que la multiplication des courses « premium » et surtout des types de pari par course a excessivement fragmenté les masses, provoquant une diminution des rapports.

Et il doit, également, abandonner les paris sportifs pour mieux se recentrer sur les paris hippiques, au lieu de faire la promotion du principal concurrent des paris hippiques, en dépensant (avec l’argent des turfistes) des sommes colossales en matière de publicité, alors que cette activité nuit à l’image des courses et, qui plus est, n’est pas rentable.

Ce n’est qu’au prix de cette réorganisation globale de sa stratégie que le PMU, se mettant davantage à l’écoute des turfistes et au service de leurs intérêts, pourra regagner la confiance des parieurs.

Eric Blaisse,

secrétaire général de l’Association Nationale des Turfistes,

le 19 février 2018.

 

Joueurs professionnels : la vérité enfin dévoilée ...

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