Nous tenons à remercier Gérard Gourault, président du GAET, pour avoir invité EQUISTRATIS à leur AG placée sous l’emblème du ruban jaune, symbole de leur désaccord face à la baisse de la prime éleveur.
Jacques Carles, délégué général d’EQUISTRATIS, a présenté l’analyse et les propositions de notre Think-Tank. Puis Alain Resplandy-Bernard, président délégué du PMU, a défendu l’action menée par le PMU. Jean Arthuis, président de la commission du Budget du Parlement européen et éminent membre du GAET, a annoncé les dernières avancées du dossier européen sur la TVA et sa vision des évolutions envisageables pour le PMU. Dominique de Bellaigue a clôturé le débat en explicitant son combat pour une politique des jeux.
Nous retiendrons tout particulièrement les propos de Jean Arthuis qui a insisté sur la nécessité que le PMU « se recentre sur son cœur de métier » et réfléchisse pourquoi pas à une ambition européenne. Ce dernier a évoqué plusieurs pistes de réformes intéressantes, en soutenant notamment les idées d’un délégué interministériel à la filière cheval et d’un représentant unique de la filière hippique dans la perspective d’en renforcer la gouvernance.
Concernant la perspective d’un retour à une TVA réduite, il faut noter le dépôt le 18 janvier 2018 d’une proposition de directive du Conseil par le commissaire Pierre Moscovici visant à donner plus de souplesse aux Etats membres dans la détermination des taux réduits. Ce texte lance la procédure qui pourrait permettre d’envisager une transcription en droit national en 2019.
Si une telle décision demeure très importante, elle devra être accompagnée d’autres décisions pour permettre à la filière hippique de renouer avec la croissance.
Vous trouverez ci-dessous les principaux points de l’intervention de Jacques Carles.
Pourquoi les dernières communications du PMU pour 2017 et 2018 nous semblent très optimistes ? Où en est-on en toute objectivité ? Quelles analyses réalistes peut-on faire de la situation ?
1) Si le chiffre des enjeux augmente de 2% en 2017, cela est dû essentiellement à la croissance des paris à l’étranger (+11%).
Faut-il poursuivre une telle fuite en avant quand on sait que les deux tiers des enjeux à l’étranger sont le fait de joueurs professionnels (GPI) qui ont un retour supérieur à 100% de leur mise ?
Comme ils jouent en masse commune avec les joueurs français, cela revient à appauvrir le retour de ces derniers. L’ANT a fait les calculs: le taux de retour des joueurs français serait réduit à 70 /71%, au lieu des 73,5% déclarés par le PMU.
Au surplus, la marge brute du PMU[1] sur les paris à l’international reste faible, par rapport à celle recueillie en France : 10% contre 26,5%.
Le propos d’Equistratis n’est pas de laisser tomber les paris l’international, mais de les réguler, tant au niveau des accords avec les opérateurs étrangers que de la discipline à imposer aux parieurs professionnels.
Car le but n’est pas d’augmenter les seuls enjeux, mais également la marge sans laquelle les retours à la filière resteront à un niveau insuffisant pour éviter de nouvelles réductions des encouragements.
2) Dans le budget 2018 du PMU, les prévisions de pertes des paris sportifs et du poker sontde 15 M€. C’est plus qu’en 2015 et 2016 où elles étaient de 12 à 13 M€.
Mais ces mauvais résultats ne sont pas étonnants dans la mesure où la Cour des Comptes a confirmé que le pari sportif était la seule activité de jeux d’argent et de hasard en ligne continuellement déficitaire en exploitation depuis l’ouverture du marché en 2010. Depuis cette date, le résultat d’exploitation cumulé fait apparaître une perte d’exploitation qui s’élève désormais à près de 222 M€.
Quant aux paris en ligne sur le poker, un article du Figaro vient également de rappeler que son Produit Brut des Jeux, soit l’équivalent du chiffre d’affaires, avait régressé de 26% entre 2011 et 2016.
Quand on voit les efforts demandés aux socio professionnels en 2017, il est suicidaire pour les deniers de l’hippisme de continuer à investir dans cette voie.
Pourquoi le PMU insiste-t-il toujours en faisant dépendre l’avenir du secteur hippique de l’augmentation des paris sportifs et du poker ?
Et ce d’autant que les paris sportifs et le poker on line ne constituent que 3% des enjeux totaux du PMU. Et qu’en y regardant de près c’est finalement le seul secteur en perte constante depuis 2010.
Le discours qui consiste à faire croire que les nouveaux parieurs on line sur les paris sportifs (qui représentent moins de 3% du chiffre d’affaires total du PMU) vont devenir les parieurs qui vont contribuer à redresser les paris hippiques off line, n’est pas tenable et n’a jamais été vérifié dans les faits.
Sinon les huit années d’investissements massifs du PMU dans les paris sportifs on ligne aurait raisonnablement dû déjà donner des résultats.
Pire, en 2018 avec la coupe du monde football, le PMU va investir 8M€ pour augmenter le nombre de parieurs sportifs, en prévoyant dès à présent dans son budget 2018 une perte cumulée avec le poker 15 millions d’euros. Qu’est-ce qui obligent les Sociétés Mères à couvrir ce scandale ?
Sans compter que l’argent gagné par le pari mutuel des courses hippiques finance, à travers le pari sportif, le développement d’une clientèle acquise, selon les études, à la côte fixe.
3) Nous relevons néanmoins que la baisse des enjeux en durs semblent se stabiliser puisqu’il est annoncé un montant global de 7 184 M€ en 2018 contre 7 168 M€ en 2017.
Et nous saluons les efforts en matière de digitalisation et d’approche des parieurs en France (jeux sur smartphone, Hipigo pour les néophytes)
Ces investissements doivent être complétés par un travail de simplification de l’offre de jeux, d’amélioration de la programmation des courses et d’augmentation du TRJ sur certains paris.
Nous rappelons que le modèle Equistratis a été construit à cette fin et que pour l’heure, malgré notre proposition, nous n’avons eu aucune demande, ne serait-ce que de le présenter à des spécialistes diligentés par les Sociétés Mères. Les adhérents d’Equistratis sont nombreux à s’interroger sur les raisons de ce refus de collaboration.
Nous restons convaincus que la filière hippique peut redevenir bénéficiaire avec une autre stratégie et une gouvernance consciente des changements de cap à opérer.
A la suite des différents entretiens que nous avons eus avec les pouvoirs publics, la représentation parlementaire et les représentants de la profession, y compris les Sociétés Mères, il apparaît que nos analyses et nos propositions sont de plus en plus partagées.
Mais on ne peut parvenir en quelques mois à changer totalement la donne. C’est pourquoi nous avons décidé de soutenir des candidats aux élections de 2019, qu’ils soient déjà élus ou appartenant à des associations nationales ou régionales représentatives. Nous travaillons actuellement sur un cadre programmatique au cœur duquel figure d’ores et déjà un plan d’investissement stratégique pour la filière avec des objectifs ambitieux, des mesures d’impacts et de retour sur investissements transparents et une concentration des efforts sur les jeux les plus attrayants et les plus rentables.
Nous nous efforcerons de privilégier une approche consensuelle car nous estimons qu’il est n’est plus temps de rechercher les causes ou les responsables des décisions qui ont échoué. En revanche, il est nécessaire que les hommes et les femmes qui s’engagent pour la gouvernance de la filière aient conscience de la nécessité des changements à opérer, sans pour autant renier les hommes qui ont fait ce qu’ils ont cru être bon pour la filière jusqu’à présent.
[1] Ce qui constitue la base des ressources de la filière hippique.
