... NE PEUT PAS S'ABRITER DERRIERE LA SEULE REFORME DU STATUT DU PMU
La transformation du PMU en société commerciale est à l’ordre du jour. Etendard de la réforme et contrepoids apparent à la privatisation de la FDJ, est-ce bien la réponse à tous les maux de la filière et plus particulièrement au coût d’exploitation excessif du PMU et aux pertes chroniques des paris sportifs et du poker ?
On ne redresse pas un secteur en difficulté, on ne combat pas des erreurs stratégiques et on ne traite pas des insuffisances de gestion en ne changeant que la forme juridique.
Pire, en lisant entre les lignes on ressent une ambition dangereuse, celle d’emprunter pour assurer le développement de la filière. En un mot faire de la cavalerie sous forme d’emprunt pour passer les obstacles que l’on est incapable de sauter en lançant les réformes indispensables, celles qu’Equistratis soutenu par de très nombreux professionnels préconise.
Nous avons même lu à plusieurs reprises les conseils avisés de certains qui proposaient, grâce à cette hypothétique capacité d’emprunt que le PMU devienne l’actionnaire de référence de la FDJ. C’est pour le moins romanesque, mais totalement irréaliste.
Les problèmes de la filière hippique doivent être traités par des réformes internes. En priorité par l’abandon des paris sportifs et du poker qui créent un déficit permanent et n’entrainent pas, contrairement aux affirmations du PMU, l’adhésion de nouveaux joueurs aux paris hippiques.
C’est pour cela qu’Equistratis présentera ou soutiendra des candidats aux futures élections. En attendant nous mettons en œuvre nos propositions en intervenant auprès des pouvoirs publics et des Elus et en construisant le programme que porteront nos candidats.
D’ores et déjà, deux propositions d’Equistratis sont en voie de concrétisation :
- La nomination par le gouvernement d’une personnalité missionnée pour guider les réformes nécessaires et coordonner l’action gouvernementale, ce qui est la traduction directe d’une de nos propositions, celle d’un délégué interministériel.
Le nom de Jean Arthuis vient même d’être annoncé officiellement par le ministre des Comptes Publics, Gérald Darmanin à l’Assemblée Nationale le 21 février. Nous ne pouvons que nous en réjouir, Jean Arthuis partageant sur l’essentiel les analyses d’Equistratis, ainsi que cela est clairement apparu lors de l’AG du GAET le 26 janvier 2018 à Vincennes.
- La possibilité de créer une autorité de régulation commune à tous les jeux et pas seulement aux jeux en ligne. Cela s’accompagnera nécessairement d’une initiative législative qui actualisera la loi de 2010, mais du fait de la privatisation de la FDJ contribuera à redéfinir les périmètres respectifs de la filière hippique et des autres formes de jeux.
La réalisation d’une mission d’audit et la communication des résultats sont essentielles pour restaurer la confiance des socio-professionnels dans le PMU
Le lancement d’une mission d’audit et ultérieurement d’information ou d’enquête parlementaire, telle que souhaitée par le ministère des Comptes publics, viendra compléter ce dispositif pour permettre aux Sociétés Mères et au futur patron du PMU de repartir sur des bases saines et transparentes.
Le rapport d’Equistratis a permis de mettre sur la table un certain nombre d’éléments relatifs à la gestion du PMU qui n’avaient jamais été communiqués, même si de nombreux acteurs et journalistes de la Filière les pressentaient.
Le déploiement souhaité par Equistratis est donc en train de s’opérer.
Nous renouvelons également notre appel à la prudence auprès de ceux qui imaginent que tout comme le changement de forme juridique, l’allègement de la fiscalité est une solution à des problèmes de gestion.
Ainsi l’amendement déposé au Sénat consistant à faire porter la fiscalité des paris hippiques sur le PBJ et non sur les enjeux a été rejeté par le gouvernement parce qu’une telle décision ne pouvait pas être acceptée par la direction du Budget. Equistratis l’avait expliqué tout en essuyant les critiques de leurs promoteurs. Gérald Darmanin a rappelé les raisons qui motivent son opposition le 21 février devant l’Assemblée Nationale.
En revanche, il est possible que les repreneurs des parts de la FDJ exigent, eux une adaptation de la fiscalité en leur faveur afin d’optimiser leur potentiel de développement.
Cela irait totalement à contrecourant des espoirs d’un allègement de la fiscalité sur les paris hippiques et d’un alourdissement de celle appliquée aux paris sportifs, tels que préconisés dans le Plaidoyer pour un partenariat renouvelé entre la Filière et l’Etat publié en mai 2017 par les sociétés mères et le PMU.
Bref, cette privatisation aura une incidence forte sur l’avenir de la filière hippique et plus vite celle-ci sera capable de se réformer, plus elle se mettra à l’abri de conséquences qui pourraient en changer la nature.
Par exemple, que se passerait-il si, face à un redressement insuffisant des enjeux hippiques et des comptes des Sociétés Mères, les pouvoirs publics privilégiaient un schéma où l’ensemble des jeux d’argent et de hasard serait regroupé dans une seule entité, la FDJ.
Une telle entité, structurellement plus rentable, pourrait avoir pour mission de gérer d’une part les activités sous monopole et d’autre part les activités ouvertes à la concurrence.
Dans cette hypothèse, le passage du PMU en société commerciale, faciliterait l’opération : il suffirait que la FDJ devienne, pour le compte de l’Etat, l’actionnaire de référence sous le nom de FDJP : Française des jeux et des paris.
De notre côté, nous ne sommes bien évidemment pas en faveur d’un tel regroupement, FDJ-PMU.
Considérant les défis que font peser la privatisation de la FDJ sur les courses hippique, nous proposons que des projets innovants de relance de la filière hippique soient éligibles au Fonds pour l’innovation de 10 milliards d’euros qui sera alimenté par les privatisations lancées par le gouvernement, comprenant celle de la FDJ.
50 millions d’euros réservés à la filière hippique pourraient être une bonne base de négociation, en contrepartie des efforts de restructuration à entreprendre.
Il y a fort à parier que le modèle français en sera redynamisé et que l’ensemble des acteurs de la filière en bénéficieront durablement.
